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POLITIQUE LAITIÈRE EUROPÉENNE Rien à attendre avant fin juin 2010… et encore

Bruno Le Maire en discussion, au terme du Conseil du 19 octobre, avec son homologue néerlandaise, Gerda Verburg, et le ministre-président belge flamand, Kris Peeters. Les libéraux d'Europe du Nord spéculent sur le départ d'un Bruno Le Maire candidat aux régionales, avant les conclusions du groupe d'experts. © GEERT VANDEN WIJNGAERT

Entre l'apparent consensus de 21 États sur une régulation des marchés et une inflexion de la politique de l'UE, il y a encore un gouffre

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Réuni le 5 octobre en urgence à la demande de la France, le Conseil des ministres a, comme prévu (ce n'était qu'une rencontre informelle), accouché d'une souris : la création d'un groupe d'experts de haut niveau pour « réfléchir à l'avenir à moyen et long terme du secteur laitier ». Ce groupe, présidé par Jean-Luc Demarty, directeur général de l'agriculture à la Commission, rendra ses conclusions d'ici à fin juin 2010. Les meneurs de la grève du lait ont voulu y voir un tout premier signe positif vers une régulation des marchés. D'autres, moins enthousiastes, remarquent que c'est une fausse nouveauté. En décembre 2008, dans le bilan de santé de la Pac, il était déjà prévu un examen de la politique laitière en 2010.

Les thèmes de réflexion qui sont déjà évoqués ratissent d'ailleurs larges : relations contractuelles entre producteurs et industriels, renforcement du pouvoir de négociation des producteurs, pertinence des instruments de gestion des marchés, transparence du marché au profit des producteurs et des consommateurs, innovation et recherches pour rendre le secteur plus compétitif… Du très classique au demeurant. La vraie difficulté viendra quand il s'agira de parler « régulation », de la compatibilité entre le droit de la concurrence et la volonté de la France d'établir des règles contractuelles, éventuellement interprofessionnelles, relatives au prix du lait et aux volumes à produire. En dépit des discours très volontaristes du ministre Bruno Le Maire, qui croit avoir « fait bouger les lignes », il faudra attendre quelques mois pour savoir s'il y aura vraiment des changements substantiels de la politique laitière de l'UE. On peut en rêver en misant sur un commissaire à l'Agriculture moins libéral que Mariann Fischer Boel. On peut aussi espérer que la commission agricole du Parlement européen exige, à l'avenir, plus de régulation et que cette exigence pèse avec un Parlement qui, demain, serait codécisionnaire de la politique européenne avec le Conseil. Les oiseaux de mauvais augures font néanmoins remarquer que le nouveau Parlement est dominé par la droite libérale.

L'inconnue allemande

L'Allemagne vient aussi de se doter d'un gouvernement plus à droite et plus libéral qu'hier. Le nouveau ministre fédéral de l'Agriculture sera-t-il aussi séduit que son prédécesseur par la quête du Graal menée par Bruno Le Maire ? Rien n'est acquis pour lui comme pour les dix-neuf autres pays aux côtés de la France pour défendre la régulation des marchés. Surtout si la conjoncture laitière continue de s'améliorer. « Si c'était le cas, remarque d'ailleurs ce haut fonctionnaire européen, il n'y aura pas de nécessité de changer la politique laitière. » À Bruxelles, les tenants des doctrines libérales spéculent aussi sur le départ d'un Bruno Le Maire, candidat aux régionales en Haute- Normandie, avant les conclusions du groupe d'experts.

HERVÉ DEBÉARN ET JEAN-MICHEL VOCORET

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